Le vendredi 19 mars 2010

Thérèse à la COTOREP

J’ai aussi travaillé comme Thérèse spécialisée à la COTOREP (aujourd’hui le terme politiquement correct est : Maison du Handicap. Changement de nom et toujours le même bordel).

Elle était située au nième étage d’un immeuble non accessible aux personnes handicapées ! Quand les gens arrivaient à monter, je les recevais les roues des fauteuils roulants coincées dans la porte, faute d’un passage assez large. Bonjour l’accueil et la confidentialité !

J’ai passé mon temps à écouter des familles désespérées ou me suis fait copieusement engueuler par d’autres : elles ne trouvaient pas de place dans les trop rares foyers d’accueil. J’ai placé à tour de bras en Belgique, faute de place en France, de jeunes adultes qui du coup ne pourraient plus voir leurs parents régulièrement, éloignement oblige.

Cela me remémore que le directeur m’envoyait une note dans laquelle il me demandait si mon appel téléphonique se justifiait, à chaque fois que je passais un appel téléphonique hors région parisienne... Ce que je faisais toute la journée puisque je cherchais des structures d’hébergement sur tout le territoire.
Plusieurs fois par jour et pendant plusieurs mois, je lui ai retourné sa missive avec la mention « nécessité de service » jusqu’à ce qu’il se lasse. J’avais même obtenu de sa secrétaire le paiement d’un tampon caoutchouc avec la fameuse réponse pour éviter d’avoir à l’écrire sur chaque lettre et il me l’a accordé.

J’ai assisté au traitement pourri, voire ignoble des demandes déposées par des personnes atteintes du SIDA et entendu dire"qu’ils n’avaient pas se défoncer, ils en seraient pas là".

En dehors de ça, la COTOREP rendait des décisions - papier dans des délais incroyablement longs mais l’honneur était sauf puisque la décision était rendue !
Peu importait que la décision ne soit pas applicable faute de place dans les différents établissements. Une personne pouvait attendre plusieurs années, une place en CAT (aujourd'hui, on dit ESAT mais c'est la même chose, y'a juste le nom qui a changé). Quand il avait enfin une place, il avait « régressé » ou « décompensé » comme on dit dans le milieu et il ne pouvait qu'espérer une place en foyer occupationnel. Mais il n'avait pas la bonne décision d'orientation de la COTOREP. Alors il fallait déposer une autre demande et re-attendre des mois la décision pour ensuite une hypothétique place...

Aujourd’hui, la maison du handicap est neuve, jolie, conçue pour l’accueil des personnes handicapées mais les délais de traitement des dossiers sont incroyablement beaucoup plus longs faute de personnel en nombre suffisant. Par téléphone, c’est très difficile de joindre un agent alors le public s’y déplace, l’accueil y est déplorable et les administrés attendent des heures.

Vous avez dit facilitation des démarches administratives ? Vous avez dit intégration des handicapés dans notre société ? Vous avez dit loi de 1975 ? Je rigole.

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